Les différentes techniques opératoires

Il existe deux façons différentes de réaliser la prostatectomie totale :

La prostatectomie totale incisionnelle (encore appelée : rétropubienne ou « à ciel ouvert »)

Le chirurgien réalise une incision assez basse, verticale, médiane, entre le pubis et le nombril ou transversale au dessus du pubis, cette dernière est plus esthétique mais ne peut être réalisée que chez les patients n'ayant pas d'excès de poids, sinon le chirurgien ne sera pas assez à l'aise pour opérer. Le premier temps opératoire consistera dans certains cas à prélever les ganglions prostatiques notamment lorsque le P.S.A. est supérieur à 10 ng ou que le score de Gleason atteint 7 (ex : 3+4) car l'atteinte de ces ganglions, qui est actuellement devenue rare, modifiera le protocole du traitement.

La prostate est ensuite libérée sur ses deux faces latérales des parois du bassin. Le geste opératoire se poursuit ensuite par la section de l'urètre entouré du sphincter distal à 1 millimètres de l'extrémité prostatique. La prostate, avec le sphincter proximal, va ensuite être retirée en totalité avec les vésicules séminales selon deux techniques différentes suivant que l'on conserve ou non les nerfs de l'érection. L'orifice vésical est ensuite recousu (suturé) directement à l'urètre, entouré circulairement par le muscle sphinctérien distal.

Pour faciliter le passage de l'urine, une sonde vésicale sera introduite dans la verge.Cette sonde sera conservée 5 jours. Enfin pour éviter un hématome, c'est-à-dire une accumulation de sang dans la zone opérée : un petit drain aspiratif (tuyau) est laissé en place, il ressort directement à travers la peau. Il est retiré très simplement par l'infirmière vers le deuxième ou troisième jour, parfois plus. Les muscles et la peau sont ensuite refermés. La durée de l'intervention est variable aux alentours de deux heures.

Avantages

L'immense intérêt de la voie incisionnelle est de permettre au chirurgien de développer toutes les subtilités techniques pour aborder la prostate sous son meilleur angle. Par exemple, la section du sphincter nécessite dans la technique développée par l’auteur du site des instruments très spécifiques créés uniquement pour ce temps opératoire. Au total, 5 instruments différents sont utilisés et la section sphinctérienne est décomposée en 7 séquences très codifiées pour permettre une incision du muscle sphinctérien sans le moindre traumatisme irréversible. Pour la préservation des nerfs érecteurs, les moyens techniques sont encore plus subtils. Les plans d’exposition qui permettent de disséquer les nerfs érecteurs sont modifiés tous les 3 à 4 millimètres, ce qui correspond à une dizaine de temps opératoires différents pour la dissection d’une seule lame nerveuse. Cette grande qualité de l'exposition opératoire adaptée à chaque étape de l'opération est indispensable et augmente considérablement la précision de la dissection. Une telle infrastructure technique est totalement irréalisable au robot (voir vidéo : congrès de l'Association Française d'Urologie).

Inconvénient

L'incision cutanée et musculaire est le seul inconvénient. Elle nécessite une convalescence d'un mois après l'opération.

La prostatectomie totale robot-assistée et cœlioscopique

Pour réaliser cette technique le chirurgien doit d'abord gonfler l'abdomen avec du gaz (le dioxyde de carbone), il peut alors positionner quatre ou cinq trocarts à l'intérieur desquels seront introduit une caméra et des instruments. Tous les gestes opératoires seront ensuite visualisés sur un écran. Le robot permet au chirurgien de manipuler beaucoup plus facilement les instruments que la coelioscopie simple en leur donnant une tres grande souplesse d'utilisation. A la différence de la coelioscopie, il opère à distance du patient sur un écran video 3D.

Le prélèvement ganglionnaire est effectué en premier (s'il est nécessaire).L'ablation de la prostate est réalisée d'une façon totalement différente car le chirurgien ne peut travailler que dans l'axe de la caméra et de ses instruments. Ainsi, la libération des vésicules séminales qui est le dernier geste de l'opération incisionnelle, devient souvent le premier temps opératoire. Lorsque la prostate est complètement libérée, elle est alors retirée par un des orifices utilisés pour le passage des instruments en élargissant de plusieurs centimètres la cicatrice pour pouvoir sortir l'organe. La vessie est ensuite recousue à l'urètre.

Comme dans l'intervention classique, un drain est également mis en place pendant quelques jours et ressort à travers la peau, de même il existe une sonde vésicale qui est conservée pendant quelques jours.

La durée opératoire de cette intervention est à peu près la même si on exclue la mise en place du robot qui est plus longue.

Avantages

Les cicatrices sont de plus petite taille que celles de la chirurgie conventionnelle. Elle est pour cette raison considérée comme chirurgie : « mini-invasive » par ses auteurs.

Inconvénients

La voie robot-assistée impose deux contraintes majeures au chirurgien : il ne peut travailler que dans l'axe de la caméra et il ne peut utiliser qu'un nombre très limité d'instruments. Ces contraintes ne laissent donc aucune liberté d’exécution pour le chirurgien. Pour les temps opératoires les plus délicats, il lui est impossible d'exposer la prostate sous son meilleur angle, il est obligé de s’adapter à l’angle imposé par l’optique. C'est le cas pour deux temps opératoires importants : la section du sphincter et surtout la dissection des lames nerveuses. Cette incertitude de dissection, indépendante de l'opérateur, est le plus grand handicap de la prostatectomie robot-assistée.

Ces critiques de la robotique ne sont relatives qu’à la prostatectomie totale. L’anatomie de la prostate, très complexe et spécifique, impose des moyens techniques particuliers, que le robot ne peut apporter. Pour la chirurgie des tumeurs du rein (ou tout autre organe), ces critiques ne valent plus car l’anatomie est ici très différente et le robot est alors un remarquable outil pour le chirurgien.