La main du chirurgien plus précise que le robot

Publié le 21/01/2009 dans

Le quotidien du médecin relève déjà en 2009, la supériorité des résultats de la technique incisionnelle, décrite par le Docteur Christian Barré, par rapport à la technique robot-assistée.

La main du chirurgien plus précise que le robot

Au dernier congrès de l’Association Française d’Urologie, les résultats sur la reprise de la fonction sexuelle d’un nouveau modèle technique de prostatectomie radicale par voie ouverte ont été présentés par le Dr Christian Barré (Nantes). Avec 95,1 % de récupération de rapports sexuels à 2 ans, ces résultats dépassent les meilleurs chiffres obtenus par voie cœlioscopique robot-assistée publiés par Menon (1). Selon la fonction sexuelle préopératoire, cette technique par voie ouverte permet une récupération à 24 mois dans 79,9% des cas, pour les dysfonctions légères à modérées; 86,7% pour les dysfonctions légères et 100% en l’absence de dysfonction. En comparaison, la cœlioscopie robot-assistée obtient à 36 mois un retour à l’état préopératoire pour les mêmes scores dans 22%, 61% et 73% des cas. Par ailleurs, ces résultats sont obtenus avec un taux de marges chirurgicales positives globales diminuées de moitié: 6,3 % pour le ciel ouvert contre 13% pour la cœlioscopie robot-assistée.

Qu’est ce qu’une marge chirurgicale positive ?

Dr Christian Barré : La marge positive se définit par la présence du cancer sur la bordure de la pièce opératoire. Plus le chirurgien va s’approcher de la prostate pour préserver la sexualité et plus le risque de marge sera élevé. Une marge peut survenir dans les stades localisés pT2 lorsque le chirurgien a incisé malencontreusement la capsule prostatique…

Cancer de la prostate : la robot-chirurgie n'a aucune valeur ajoutée

Publié le 26/12/2016 dans

robot chirurgie n'apporte aucune valeur ajoutée

Depuis une quinzaine d'années, la chirurgie robotique s'est développée en France. Un investissement coûteux, mais pour quel résultat ? Éléments de réponse...


C'est mieux, c'est remboursé ; ce n'est pas mieux, c'est quand même remboursé. Alors que certains hurlent que l'État ferait des économies sur la santé des Français, on peut en douter au vu du dernier avis de la Haute Autorité de Santé (HAS). Elle se dit favorable au remboursement de l'ablation totale de la prostate assistée par robot, alors qu'elle reconnaît que cette technique est sans valeur ajoutée par rapport aux autres modalités opératoires.

Retour en arrière. La chirurgie robotique s'est développée depuis la fin des années 1990 dans la plupart des domaines chirurgicaux, en urologie, gynécologie, oto-rhino-laryngologie, chirurgie endocrinienne, abdominale, thoracique, etc. À chaque nouvelle installation dans un établissement de soins, une large promotion est assurée dans les médias, associant généralement la direction, les médecins concernés et aussi les élus locaux, fiers de montrer à leurs administrés l'attention qu'ils portent à la prise en charge de leurs difficultés de santé. L'objectif, c'est d'attirer de nouveaux patients et de les détourner des établissements concurrents.

40 % des prostatectomies totales auraient été menées avec assistance robotique en 2015

En dehors de la neurochirurgie, un robot détient le monopole du marché, le Da Vinci vendu par l'entreprise californienne Intuitive Surgical. Ce système de commande d'instruments opératoires (bistouri, aspirateur, pince, thermocoagulateur…) est composé d'une console manipulée par le chirurgien, d'un chariot équipé de bras robotisés interactifs équipés d'une caméra et d'instruments endoscopiques ainsi que d'un système d'imagerie déporté. Pour un hôpital ou une clinique, c'est un investissement lourd. L'achat est onéreux, de l'ordre de 2 millions d'euros, souvent subventionné par les collectivités locales, la salle du bloc opératoire doit être spécialement conçue, de dimension extra-large, du matériel consommable coûteux doit régulièrement être acheté en surplus, la stérilisation doit être adaptée. Mais si c'est pour le bien du patient, si c'est un progrès chirurgical, alors tout le monde ne peut qu'y être entièrement favorable.Seulement, ces avantages n'avaient jamais été prouvés, ce qui n'a pas empêché 84 établissements de se doter d'un robot chirurgical à la fin 2015 sur le territoire national. Et ils servent. Une des applications vedette de ces merveilles technologiques est le cancer de la prostate, une pathologie très courante. L'ablation totale de cet organe est le traitement de référence d'une grande partie de ces tumeurs, environ 20 000 prostatectomies totales sont effectuées chaque année dans notre pays. Ces opérations sont réalisées soit par chirurgie ouverte classique, en ouvrant largement le ventre, soit par coelioscopie (ou laparoscopie) traditionnelle, en faisant de toutes petites incisions, soit par coelioscopie robot-assistée, le chirurgien manipulant ses instruments par l'intermédiaire du robot. Près de 40 % des prostatectomies totales auraient été menées avec assistance robotique en 2015.

« Sans valeur ajoutée »

Pour la première fois, une agence étatique et indépendante, la HAS, a examiné toute la littérature scientifique publiée entre 2001 et septembre 2016 sur le sujet. Elle a interrogé les vingt-six agences régionales de santé, les professionnels de santé, une association de patients, trois fédérations hospitalières publiques et privées, ainsi que le fabricant. Ses conclusions sont limpides. C'est « une des modalités possibles de prostatectomie totale lors du traitement d'un cancer de la prostate localisé, mais sans valeur ajoutée démontrée par rapport aux autres techniques ». Et il faut l'inscrire sur la liste des actes remboursables par la Sécurité sociale.Dans le détail, les experts écrivent qu'« en termes d'efficacité il n'existe pas de données sur la survie globale de la prostatectomie totale par chirurgie robot-assistée. L'exérèse chirurgicale de la prostate, qu'elle soit réalisée en chirurgie ouverte, par voie cœlioscopique conventionnelle ou robot-assistée, entraîne fréquemment des incontinences urinaires et des dysfonctions érectiles susceptibles d'être durables ». Sur le plan des critères cancérologiques, « il n'existe pas de données sur la survie sans progression. L'hétérogénéité des résultats disponibles ne permet pas de conclure quant à une amélioration ou une diminution des taux de marges chirurgicales positives ou de la récidive biologique avec la prostatectomie robot-assistée comparativement aux autres modalités ». En clair, le robot ne permet pas d'être plus précis et de retirer davantage de cellules cancéreuses.ni mieux ni moins bien.

Enfin, en termes de sécurité, il n'a été identifié « aucun argument quant à un sur-risque d'effets indésirables graves lors d'une prostatectomie totale robot-assistée ». Tout juste l'agence a-t-elle relevé « des pertes sanguines significativement plus faibles lors d'une prostatectomie totale robot-assistée comparativement à celles par chirurgie ouverte », ainsi qu'une durée d'hospitalisation moindre par rapport à cette même modalité opératoire. Avec quinze ans de recul, la HAS conclut qu'il n'y a « pas d'argument en faveur de la supériorité ou de la non-infériorité de la prostatectomie totale robot-assistée par rapport aux techniques chirurgicales existantes, notamment la laparoscopie conventionnelle ».

L'utilité des robots chirurgicaux mise en doute

Publié le 03/10/2016 dans

Les robots chirurgicaux se sont fait une place dans les hôpitaux en Suisse. Mais ils coûtent cher pour des avantages minimes.La Clinique de la Source à Lausanne a son département de chirurgie robotique et les Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG), qui réalisent ce genre d'opérations depuis 2006, sont même équipés de la dernière version Xi depuis le premier semestre 2015.
Chaque unité, spécialisée dans l'ablation de la prostate en cas de cancer, coûte près de deux millions de francs, auxquels il faut ajouter 200 000 francs annuels d'entretien. Des systèmes qui coûtent plus cher que des chirurgiens pour des avantages remis en doute, résume le Tages-Anzeiger dans son édition du 3 octobre 2016.

Peu d'avantages

Une étude publiée dans The Lancet a relancé le débat sur l'utilité de tels robots. L'enquête a été menée par des médecins réunis autour de Robert Gardiner de l'Université du Queensland à Brisbane (Australie). Elle a comparé deux chirurgiens expérimentés qui opéraient soit de manière traditionnelle dans un bloc soit en utilisant «Da Vinci».
L'étude a montré que les patients des deux groupes souffraient trois mois après l'opération des mêmes problèmes d'incontinence (70%) et de troubles érectiles (30%). Même constat pour le nombre de jours durant lesquels les patients se déclaraient encore souffrants.
Conclusion pour Tullio Sulser : «le bénéfice pour le patient est moins grand que prévu jusqu'à présent.» Un malade souffre moins de pertes de sang et a besoin de moins de transfusion avec «Da Vinci» mais le directeur partage la conclusion des auteurs de l'étude. «C'est l'opérateur, avec son expérience, et non la machine qui fait la différence.»

Indispensable pour les hôpitaux

L'étude doit encore publier les résultats de ses observations sur le plus long terme mais les spécialistes n'en attendent pas de variations fondamentales pour les effets secondaires.
En Suisse, de 80 à 90% des ablations de la prostate sont réalisées par ces robots mais les hôpitaux les utilisent également pour des opérations des reins, de la vessie, du gros intestin ou encore de l'estomac.Ces robots chirurgicaux sont devenus indispensables dans de nombreuses cliniques. Celles qui n'en ont pas voient leur clientèle décliner et n'arrivent pas à recruter des urologues. «Sans «Da Vinci», même nous à l'USZ n'aurions pas de patients atteints du cancer de la prostate. Ces robots sont désormais une offre que nous devons avoir dans notre assortiment», reconnaît Tullio Sulser.

Coûts et sous-utilisation

Le problème vient également du coût des opérations assistées par un robot, qui sont de 1500 à 3000 francs supérieurs aux opérations traditionnelles. Des frais à la charge des hôpitaux car les assurances paient un montant identique pour l'intervention, qu'elle soit menée par un homme ou «Da Vinci».
Mais l'opération est plus courte d'une demi-heure et les patients restent moins longtemps à l'hôpital. Quant à l'opérateur qui reste assis, il se fatigue moins que lors d'une intervention normale où il est debout pendant trois ou quatre heures. Mais il reste un ultime problème pour ces robots : il y en a tout simplement trop en Suisse, ce qui se traduit par une sous-utilisation.

Ce n'est pas sur les modalités techniques que vous devez vous décider pour choisir l'établissement où vous faire soigner si vous souffrez d'un cancer de la prostate.

L’opération du cancer de la prostate, collection EXPLIQUE-MOI, DOCTEUR…

Publié le 10/10/2002 dans

Editions Masson, 2002, ISBN 2-294-00928-2.

Livre publié chez Masson en 2002 avant la création de ce site internet.
Toujours disponible sur Amazon mais sans utilité aujourd’hui en raison des nombreuses évolutions des pratiques.

l'opération du cancer de la prostate